Erosion côtière et submersion marine

Le 26 mai 2012, le Professeur Paul Fattal de l’Université de Nantes, Directeur de l’Institut de Géographie et d’Aménagement Régional, a donné une conférence au Pôle culturel des Floralies avec pour sujet « Erosion côtière et submersion marine » ; environ 100 personnes ont assisté à la conférence organisée par M. Gonnot de la municipalité de Nantes ; pour l’APGCLEM, Alain Truchaud a participé et un résumé de ses notes est présenté ci-dessous :

Photo du Pr Fattal

Qu’est-ce qu’une plage ?

Ce que nous appelons la plage n’est en fait que le « haut de plage » ; il faut aussi considérer ce qui précède la plage apparente qui constituent « l’avant – plage » où des mouvements de sédiments importants ont lieu sous l’eau à plusieurs mètres de profondeur ; l’ensemble constitue une cellule sédimentaire.

Le transit sédimentaire :

Cette cellule sédimentaire est un élément d’un ensemble de plages ou côtes rocheuses qui sont soumis à des transferts de sédiments dont le « transit sédimentaire » qui va globalement de l’estuaire de la Loire à la pointe d’Arcay, phénomène appelé « dérive du littoral ».

Les menaces pour les plages :

  • L’homme : tout remblai mis en place par l’homme pour tenter de retenir des sédiments, supprime une réserve sédimentaire et donc crée un « déficit » du « budget » sédimentaire. De même, les tamiseuses qui ramassent les algues perturbent l’équilibre de la plage.
  • L’énergie accrue des tempêtes et des vagues. En ce qui concerne les vagues, il en existe deux sortes : les vagues « destructives » qui emportent le sable, et les vagues « constructives » qui ramènent le sable, à condition qu’il existe une réserve sédimentaire suffisante. En ce qui concerne le vent, il peut ramener du sable vers la dune lorsque celui-ci est asséché. Dans certains cas le sable peut être emporté plus loin sauf si la végétation dunaire comme les oyats le retiennent.

Le constat :

  • entre 1832 et 2000, on estime le recul de certaines plages à 150 m
  • sur le littoral vendéen, 35 % des plages sont en érosion.

Le risque de submersion :

  • Quelles en sont les causes ? La submersion est due à la combinaison de différents facteurs : une dépression creuse atmosphérique qui élève le niveau de la mer, de fortes précipitations, la marée haute et des vents violents. Ces différents facteurs cumulés peuvent provoquer une « surcote » du niveau de la mer qui peut aller jusqu’à 4 m.
  • La tendance est-elle à une plus grande fréquence des submersions ? Ceci est vrai dans certaines zones alors que la situation est stable dans d’autres zones. Si l’on recherche dans le passé, la « géohistoire » du littoral, on constate que de nombreuses submersions ont eu lieu dans le passé. Quant à l’élévation du niveau de la mer, celle-ci est pour le moment conforme aux prévisions du GIEC, c’est à dire 80 cm pour les 100 ans à venir.

Comment lutter contre l’érosion des plages et la submersion ?

  • Limiter les implantations de maison à moins de 150 m de la plage, prévoir un « recul stratégique » de 100 à 150 m avec de nouvelles lignes stratégiques. A travers les Associations, collaborer avec les municipalités pour une stimulation réciproque.
  • Instaurer dans les dunes des passages bien délimités réservés aux piétons, essayer de « fixer » le haut de côte par de la végétation et des protections.
  • Mettre en place des ganivelles qui retiennent le sable même si il faut souvent les renouveler après une tempête.
  • Eventuellement recharger les plages avec du sable de granulométrie identique tout en sachant que la longévité de cette recharge n’est que de 4 à 5 ans.
  • Pratiquer, lorsque cela est possible le By-passing qui consiste  à remettre, grâce à un technique de transfert (pompes) dans le transit, du sédiment qui serait bloqué par un ouvrage (par exemple portuaire).
  • Le drainage de plage qui consiste à enterrer un drain dans la plage, permet, dans certains cas, de réduire l’effet d’arrachement de sable de la vague qui se retire de la plage.
  • Accompagner les phénomènes naturels.
  • Participer aux activités de l’Observatoire du littoral des Pays de Monts.

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